« Dès qu’un homme arrive quelque part, remarquait Jacques Lacan, dans la forêt vierge ou dans le désert, il commence par s’enfermer ». Il y aurait ainsi une aspiration des sujets à s’abriter, intra muros. Il s’agira lors de cette journée d’ouvrir à cette clinique de l’espace de l’être parlant, en y questionnant depuis la psychanalyse, mais pas seulement, son rapport au(x) mur(s). Ce questionnement sera pluriel. Il y a d’abord le mur du langage que constitue la castration, et qui selon Lacan est partout. Drôle d’espace, donc, que celui de l’être parlant, où l’on ne cessera de faire le tour du mur, sans jamais pouvoir atteindre l’Autre côté. A ne pouvoir l’atteindre, chacun ne manquera pas alors de le fantasmer, ou de le délirer, allant de l’espace balisé (sic) du phobique, jusqu’à la forteresse de l’obsessionnel, en passant par le voisinage persécutant du sujet paranoïaque, aussi bien que les intrigues qu’y guette l’hystérique.
Le mur, et les affects qu’il suscite, ne seront pas non plus sans conséquence sur le lien social, et la façon dont les parlants habitent l’espace. Pensons à ce que nous dévoile, en sa simplicité exemplaire, le petit du fort-da. Au moment même d’advenir au langage, le voilà qui s’amuse, l’air de rien, à créer un Ici, et un Là-bas. Très vite aussi, l’enfant, jouant à construire ses premières cabanes, nous rappellera qu’un espace ne suffit pas à l’habiter, et qu’il y faut des conditions. La clinique de l’errance et de la rue démontrera encore combien la façon dont les parlants s’aménagent leur coin, est toujours inédite, et que les promesses de confort standardisé du discours capitaliste n’y suffiront pas. Enfin, que dire de ce que l’inconscient, en nos rêves et cauchemars, fait de nos seuils, de nos fenêtres, de nos portes, et de nos chambres ? De quoi en chaque cas, questionner ce qui fait l’espace du parlant, ainsi que la façon dont cet espace l’affecte dans ses symptômes, autant que dans son inscription dans le lien social. Etre maître en sa demeure, est aussi une passion contemporaine. Nous tâcherons de dire en quoi, à quel prix, et ce qu’y répond la psychanalyse, laquelle pourrait proposer un autre abord du mur, et de la frontière.
Comité scientifique :
David Bernard, MCF HDR en Psychopathologie (Rennes 2)
Stévan Le Corre, Doctorant en Psychopathologie (Rennes 2) et Psychologue clinicien Marie Sanchez, Doctorante en Psychopathologie (Rennes 2) et Psychologue clinicienne Alexandre Faure, Docteur en Psychopathologie (Rennes 2) et Psychologue clinicien Giorgia Tiscini, Professeure en Psychopathologie (Rennes 2)